La montée des forces conservatrices et des partis d’extrême droite en Europe n’est pas une bonne nouvelle pour l’ISR (Investissement Socialement Responsable). Le report, voté par l’extrême droite et les conservateurs au parlement Européen, du règlement contre la déforestation à fin 2025 est un mauvais signal. Le fonds de commerce de ces forces politiques repose sur les questions identitaires, le refus des règlementations et l’aversion à l’écologie.
Clairement, le vent ne souffle pas dans la bonne direction pour lutter contre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité. Un certain déni scientifique flotte dans l’air. Les esprits, et à juste raison, se préoccupent des questions de défense des démocraties face à la menace russe.
Pourtant les données du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) sur le réchauffement de la planète, l’avertissement que donnent les scientifiques sur les risques pour la santé humaine que fait courir la perte de biodiversité ainsi que l’accumulation monstrueuse des plastiques devraient nous alerter.
L’ISR est donc plus nécessaire que jamais, et cela pour deux raisons. La première est que le fléchage de l’épargne vers de l’investissement à impact est un levier de transition puissant et concret pour les épargnants. La seconde, est que l’engagement actionnarial constitue un outil de discussion entre les gérants ISR et les entreprises pour les inciter à améliorer leurs pratiques.
Le hic, c’est que épargnants et nombre de leurs conseillers sont encore branchés sur le vieux logiciel de la responsabilité fiduciaire qui ne s’intéresse qu’aux performances en oubliant leurs conditions de réalisation. MIF II (Market in Financial Instruments Directive II) n’y fera rien car chaque conseiller s’en débrouillera pour orienter l’entretien dans le sens qui lui conviendra pour continuer le business as usual.
Il revient aux distributeurs d’épargne et aux gérants d’actifs de se pencher sur la question en permettant aux clients de mieux relier leur épargne avec le potentiel de réchauffement climatique, de mieux solliciter la perception qu’ont leurs clients du marché, de valider auprès de leurs clients leur stratégie d’engagement actionnarial. Même si comparaison n’est pas raison, une très vieille institution très centralisée qui siège à Rome travaille à une démarche plus collégiale. L’ouverture de la haute tour de la gestion d’actifs aux clients en leur offrant la possibilité de participer aux transformations de l’économie n’est pas irréaliste mais simplement nécessaire et urgente.