La démocratie ne représente pas le peuple.

//La démocratie ne représente pas le peuple.

Continuons … les scientifiques du GIEC exagèrent, il y a des vérités alternatives, les vaccins sont dangereux, nous sommes soumis au politiquement correct et il y a des lois économiques universelles qui sont révélées par la comptabilité et les dividendes.


Au fondement de cette dernière affirmation, il est posé en premier lieu la question de l’objet social de l’entreprise. La réponse de Milton Friedman était : maximiser le profit pour les actionnaires. En conséquence, c’est la responsabilité fiduciaire des mandataires sociaux qui représentent les actionnaires dans les conseils d’administration que de défendre les intérêts des actionnaires. Par conséquent le travail et la nature sont des intrants destinés à produire de la valeur ajoutée pour distribuer de la valeur aux actionnaires. Il faut aussi libérer l’entreprise des contraintes règlementaires qui entravent sa compétitivité.


Ce trait dessine l’épure du capitalisme financier. Il est bien représenté dans le monde du Private Equity et de ses géants américains. Mais le capitalisme financier n’est pas la seule forme du capitalisme. Il y a aussi un capitalisme industriel dont l’objet est le développement de l’activité économique (celui des trente glorieuses), un capitalisme familial qui se préoccupe de la pérennisation de l’entreprise (Certains groupes français du CAC 40), un capitalisme entrepreneurial fait d’innovations et de prise de risques (le tissu de PME) qui participent au développement de la société. Si les traits communs à ces différentes formes de capitalisme sont la prise de risque sur des fonds privés investis dans l’économie pour en retirer un profit, la pression mise sur le travail et la nature peuvent être différentes selon que vous considérez les salariés comme une richesse voire des partenaires ( modèle allemand) plutôt que comme une ressource à optimiser et la nature comme le bios indispensable à l’humanité plutôt que comme une mise à disposition de matières premières à transformer en profits.


Ces deux lectures trouvent leur traduction économique dans la comptabilité. Si les normes SASB (Sustainability Accounting Standards Board) comptabilisent bien les critères environnementaux et sociaux, cette comptabilisation a pour but d’entrer dans un référentiel financier. Or la double matérialité des normes CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) comptabilise les impacts socio-environnementaux. Il s’agit donc de porter un autre paradigme, celui d’une économie encastrée dans la société et dans la nature plutôt que dans la seule valeur actionnariale.


Le résultat des élections US, la prégnance des GAFA, la montée des extrêmes droites en Europe participent au déni anti scientifique et anti démocratique du Green Deal en Europe et de la directive sur la double matérialité CSRD. Ayons simplement assez de discernement pour reconnaitre sur quelle pente la prétendue objectivité des lois de l’économie pourraient nous entrainer. Nous extraire d’une vision de la société fondée sur un paradigme financier serait un pas vers une civilisation qui privilégie la vie.

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