Résumé de la conférence de Bertrand Badré
Organisée par RéseauCEP et la CCI de Vaucluse au Campus de la CCI le 13 mars 2025
Bertrand Badré est ex-DG financier de la Banque Mondiale, du Crédit Agricole et de la Société Générale, et fondateur de la société d’investissement Blue Like an Orange.
Devant l’accélération des évènements contemporains, nous sommes en perte de sens. Les tensions se multiplient et les organisations de coopérations internationale sont menacées, les évolutions technologiques, comme l’IA, bouleversent nos modes de production. Pourtant les questions climatiques, environnementales et de défense des droits humains n’ont pas disparu. L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, les catastrophes naturelles ont coûté plus de 500 milliards de dollars aux USA et en 10 ans le nombre de réfugiés dans le monde est passé de 50 à 100 millions. C’est une des raisons de la création du fonds d’investissement Blue like an orange par B. Badré.
Pour comprendre ce qu’il se passe actuellement, il faut comprendre l’histoire depuis 1945. Après la seconde guerre mondiale, il y a la création des grands organismes internationaux, l’ONU, l’OTAN, l’OMC, les accords du GATT et l’Union Européenne, et il y a 3 dates qui structurent notre époque :
13/09/1970 : Milton Friedman, dans le New York Times, définit l’objet social de l’entreprise comme la maximisation du profit pour les actionnaires.
15/08/1971 : Nixon décide de la fin de la convertibilité du dollar en or et met fin aux accords de Bretton Woods qui organisaient les échanges entre les monnaies. Dès lors c’est le flottement généralisé des monnaies, et l’on se souvient de la phrase de Nixon « le dollar c’est notre monnaie mais c’est votre problème. La raison d’être de l’entreprise n’est pas l’intérêt public ».
1972 : le rapport du Club de Rome, dit aussi rapport Meadows, déclare qu’on ne peut pas croître de manière infinie dans un monde fini.
Cette situation trouve son incarnation politique avec l’élection de M. Thatcher et de R. Reagan. C’est l’apparition, dans les années 80, du consensus de Washington : liberté de circulation des capitaux, dérèglementation, privatisation. C’est encore assez largement le monde dans lequel on vit aujourd’hui, qui trouve son apothéose avec la chute du mur de Berlin en 1989, qui signe la fin de l’histoire. On annonce que l’économie libérale et la démocratie ont triomphé.
Les questions posées dans les années 1970 restent posées. En 1987, le rapport Brundtland « Notre avenir à tous » définit pour la première fois le développement durable. Les crises se succèdent : 2000, la bulle internet, 2007, la crise des subprimes, 2008, Lehman Brothers. C’est la crise de la finance dérégulée et la crise de la mondialisation. 400 milliards de dollars ont été investis en deux mois pour sauver la finance, on a augmenté les fonds propres des banques et on a augmenté le contrôle des risques, mais on n’a pas touché à l’operating system.
Les accords de Paris de 2015 avec la Cop 21 restent un moment miraculeux. Obama et Xi Jinping apportent leur soutien. Dix huit mois plus tard c’est le Brexit et en 2016 vient le premier mandat de Trump et la divergence avec la Chine.
Les Nations Unies constatent en 2025 que 80% des objectifs de Paris sont en retard ou en recul. L’Argentine, Israël et les US ont voté le retrait des accords de Paris. Donc le problème n’a pas été traité.
La thèse de B. Badré est que l’on imaginait une transition à vitesse de 1% par an jusqu’en 2050 mais qu’il s’agit d’une transformation de nos modes de pensée, d’organisation, de production, de consommation. Il faut changer l’operating system. Le temps des taux bas est terminé et nous sommes confrontés à un choc entre la sécurité de court terme et la sécurité climatique de moyen-long terme.
Nous sommes face à une double tragédie : La tragédie dite des communs, « tout le monde a intérêt à ce que ça se fasse mais personne n’a intérêt à payer », c’est le climat, et la tragédie des horizons, 1 jour pour le trader, 5 ans pour le chef d’état et 2050 pour l’humanité. L’économie de marché reste le meilleur système pour allouer les ressources. Mais il faut fixer des contraintes. On a inventé l’investissement socialement responsable, L’Europe a fait le Green Deal, ainsi qu’une réforme de la comptabilité avec la CSRD et l’ISSB. La question centrale est de se mettre d’accord sur ce qu’on mesure pour la sphère publique (réforme du PIB) et pour la sphère privée (réforme comptable) pour changer l’operating system.
Tous les plans de transformation sont faits, il n’y a jamais eu autant d’argent, il ne faut pas lâcher le cap. Il faut se souvenir que l’objet social de l’entreprise n’est pas de maximiser le profit mais de trouver des solutions profitables aux problèmes de la planète et de ses habitants.
Ci-dessous l'invitation qui avait été envoyée aux chefs d'entreprise vauclusiens
